Le Surfeur d’Argent prend son élan.
Parviendra-t-il à se libérer de l’attracteur étrange ? La vitesse de libération est supérieure à 11 km/sec.
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Journal de la Rêvolution
Résumé des épisodes précédents :
· Qui est Galactus ? D'où vient-il ? Quel est son but
?
· Naissance du Silver Surfer, la plus belle création de Galactus, maître de
l'univers.
· « Propage mes tweets dans tout l'Univers » lui dit-il. Silver
Surfer s'élance vers les mondes habités.
· Le vaillant Surfeur d'Argent parviendra-t-il à échapper à l'emprise
totalitaire de Galactus, le dévoreur de planètes ?
· La menace se précise. Galactus arrive.
Sa destination : la Terre. Son but : y faire prospérer le capitalisme
prédateur.
Arendt. Encore ? Oui !
… L’affaire est entendue. Avec Eichmann à Jérusalem, Arendt, la
philosophe américaine d’origine juive allemande, aurait fait, comme on pourrait
le dire aujourd’hui sur Facebook et les plateaux télés, son coming-out antisémite. Ne voyez-vous
pas ? Quelle complaisance vis-à-vis du bourreau Eichmann ! Quelle
dureté de jugement à l’encontre des victimes ! Ah vraiment, nous avons été
abusés par cette « sainte » fort peu démocratique. D’ailleurs, son
gros livre là, Origines du totalitarisme,
quel fatras d’inepties ! Quelles approximations historiques ! Quelle
erreur fondamentale d’avoir mis sur le même plan les nazis et les
staliniens ! Et le racisme insupportable aussi qui suinte des pages
qu’elle y consacre à l’impérialisme britannique !... Nous avons été
abusés… la faute à l’Université, aux médias, au Pape, sûrement, la faute aux
Juifs ! Il faut brûler Hannah Arendt.
L’œuvre d’Arendt continue, c’est le moins qu’on puisse dire, à susciter
des débats. J'y vois quelque chose d'encourageant. Comment pourrait-il en être
autrement ? Car d’emblée, c’était mal parti. Son positionnement politique ne
pouvait être que problématique, dès la publication de son premier livre et des réactions hostiles de la gauche
qu'il a suscitée, en particulier en France.
« Dis Hannah, t’es de droite ou de gauche ? Parce que c’est vachement important pour nous, je
veux dire les camarades, les intellectuels, enfin tous les progressistes…
Ah ! Tu ne veux pas répondre à la question. Tu prétends que nous ne pouvons pas te mettre en
boîte ? C’est clair. T’es de droite ! Y a que les mecs de droite
pour dire qu’ils ne sont ni de droite ni de gauche, au-delà de ces questions.
Voire même d’archi-droite. En plus tu préfères la Révolution américaine à la
Révolution française ! Scandale ! T’es qu’une petite bourgeoise, t’es
un de ces laquais du Capital qui nous font la leçon. Et ton amourette avec le
nazi, là, complètement sous hypnose, même pas capable de penser par toi-même,
ouais, t’es une femme. Tu te prétends spécialiste
de la pensée politique. Laisse-nous rire. Tu n’es pas sérieuse. Tes livres sont trop faciles à lire. C’est bien la preuve
que tu n’as pas de pensée. »
Après sa mort on est tombés dans une sorte
d'excès inverse et à l'ostracisme a succédé l’adulation pour la championne des
révolutions démocratiques.
« Alors là, vraiment, Hannah Arendt, voyez-vous, c’est la championne
des droits de l’homme, des droits des femmes, des droits des minorités, des
droits des héritiers spirituels d’Heidegger, des droits des robots… elle a tout
compris ! Je m’endors toujours avec Hannah sous la main. Je veux dire, ses
livres, je les lis et les relis. Tout ! D’ailleurs c’est bien
simple : totalitarisme ! Tout est dit, je vous le dis, faut pas
chercher plus loin : les nazis ? totalitarisme ! les
rouges ? totalitarisme ! les libéraux ? totalitarisme ! les
fans de Platon ? totalitarisme ! les scientifiques ?
totalitarisme ! les fans d’Arendt ?... heu on arrête… Et puis elle a
vraiment compris c’est quoi la démocratie. Tu vois, la démocratie, la politique
c’est quand tu te mets en scène devant des auditeurs (le Peuple) mais pour
d’autres acteurs avec lesquels tu agis.
Ouais c’est ça, c’est du théâtre. A
cause des Grecs. C’est l’action mon gars. Le théâtre-action par conséquent. Ou
les conférences gesticulées si tu veux. La démocratie, c’est un truc
participatif, plat, sans lendemain, on cause beaucoup, la nuit de préférence,
et debout ! Toute la nuit on cause. On agit. C’est la politique réinventée
dans l’événement. On est contre le
système ! On est pour l’événement ! Avec un grand « E ».
Entendez venir l’Evénement. Arendt, tu comprends, c’est un prophète qui
annonce des trucs pas possibles. »
Finalement, Arendt a pensé ce
qu'elle a pu avec les outils de son époque, sa formation et ses passions. Mais
l'essentiel de ce qu'elle a écrit continue à résonner. La réduction d'Eichmann
au portrait d'un « clown » sinistre fait partie de ces lieux communs
destinés à prouver qu'Arendt n'avait rien compris. Elle avait très bien compris
la nature du nazisme. Elle a eu aussi dans ce livre des formules
journalistiques que l'on continue à lui reprocher (la banalité du mal). C'est
une vision tronquée, un peu comme si on réduisait Marx à l’injonction qui clôt
le Manifeste du Parti Communiste ou
Hegel à la formule de l'oiseau de Minerve qui prend son envol à la tombée du
soir.
Lisons donc Arendt, relisons-la.
Laissons de côté les amalgames des penseurs obsédés par la dénonciation des
errements – souvent bien réels - des institutions universitaires et qui se
lancent dans une critique – souvent légitime – d’auteurs au passé nazi ou « compagnons
de route » de divers totalitarismes ; mais cette critique pourrait finir
par ressembler à une forme « d’épuration » de l’histoire de la
philosophie en France s’ils ne mettaient un frein à leur passion. Celle-ci en
effet, après la figure de Martin Heidegger, s’en prend à Hannah Arendt mais
aussi à Jacques Derrida, Philippe Lacoue-Labarthe, Jean-Luc Nancy, Giorgio Agamben,
Alain Badiou, tous plus ou moins coupables d’amitiés heideggériennes. J’en
profite par conséquent pour saluer deux publications récentes qui vont mettre
un peu d’air frais dans la littérature secondaire consacrée à Hannah Arendt
après le livre à charge d’Emmanuel Faye, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler
sur ce blog.
Il s’agit d’abord de ce Guide de voyage à travers une œuvre qui
est proposé par Thierry Ternisien d’Ouville, livre pratique destiné à un
public généraliste : Penser avec
Hannah Arendt, publié chez Chronique Sociale à Lyon. L’auteur y commente de
manière claire et pédagogique les sept « livres politiques » publiés
par Arendt de son vivant. C’est un choix tout à fait justifié car on sait à quelles
difficultés sont confrontés les chercheurs qui tentent de mettre de l’ordre
dans les publications qu’un auteur n’a pas eu l’occasion de rassembler, d’éditer,
de publier lui-même et qui font l’objet d’âpres débats bibliographiques. La
difficulté est rendue plus complexe aussi dans le cas d’Arendt à cause des
langues, l’anglais et l’allemand, qu’elle a utilisée lors de certaines
publications, en n’établissant pas toujours une cohérence entre les diverses
éditions de ses livres. Le choix effectué par Thierry Ternisien d'Ouville consiste donc à proposer pour le lecteur francophone le meilleur de l’œuvre d’Hannah
Arendt, rassemblé dans ces sept livres emblématiques d’un parcours politique et
qui suffisent amplement à « l’honnête homme » désireux de s’instruire,
c’est-à-dire, de trouver un accès commode aux textes. Rien en effet ne déforme
plus la compréhension de la pensée d’un auteur que les polémiques dont il fait
l’objet, qui résultent souvent de passions politiques (c’est évident dans le
cas d’Arendt) et qui constituent autant d’écrans de fumée. Je plaide donc, avec
Thierry Ternisien d'Ouville, pour ce retour salutaire aux textes et rien qu’aux
textes. A chaque lecteur de se faire alors soi-même, dans le silence et le
calme de son étude, sa propre opinion. Ce parcours raisonné proposé par Thierry
Ternisien d'Ouville passe par Les
origines du totalitarisme (1951), Condition
de l’homme moderne (1958), La crise
de la culture (1961), De la
révolution (1963), Eichmann à
Jérusalem (1963), Vies politiques
(1968) et Du mensonge à la violence
(1972).
Le second ouvrage que je souhaite
saluer est la réédition très bienvenue et attendue d’un des meilleurs livres d’analyse
philosophique consacrés à Hannah Arendt, livre qui était depuis longtemps
devenu introuvable. Il s’agit du remarquable ouvrage d’Etienne Tassin, Le trésor perdu. Hannah Arendt, l’intelligence
de l’action politique, publié chez Klincksiek à Paris en 2017 avec une
nouvelle préface de l’auteur. L’édition originale était celle de l’éditeur
Payot, dans la mythique collection « Critique de la Politique » (des
livres sobres grand format à la couverture rouge), en 1999. Dans la très abondante
littérature secondaire consacrée à l’analyse de la pensée d’Hannah Arendt en
français, ce livre d’Etienne Tassin sort du lot par la qualité de son
interprétation phénoménologique de l’action politique et par sa grande
érudition. Il s’agit on s’en doute d’un livre pointu.
Dans le fond, le reproche principal que j’adresse
au livre d’Emmanuel Faye, dont j’ai par ailleurs apprécié le parti pris critique,
toujours nécessaire dans toute discipline qui prétend à quelque objectivité, c’est
de confondre philosophie et histoire de la philosophie. Cette
dernière nous aide à comprendre le contexte qui entoure les textes, les
conditions de leur production, de leur réception, l’état des sources, les
filiations et les ruptures etc… mais l’histoire de la philosophie ne produit
pas de concept philosophique. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un spécialiste
de l’histoire des sciences par exemple, de « critiquer » des
résultats de la physique moderne la plus pointue au nom d’un contexte, par
exemple de guerre ou de concurrence qui a produit les conditions qui rendaient
ce genre de découvertes possibles. Or, c’est ce biais cognitif majeur que j’observe
en philosophie où la distinction entre l’œuvre et l’auteur est parfois
complètement oblitérée (ainsi d’une « méthode » qui réduit l’œuvre exclusivement
à la biographie de son auteur). Ce n’est pas le cas de Faye mais parfois la
différence opérée entre l’œuvre et la vie est mince dans son argumentation.
Au nom d’une histoire parfois nauséabonde, il en vient donc à considérer
certains textes comme nuls et non avenus, ne méritant en fait aucun intérêt
dans leur champ d’étude propre. Cette méthode qui utilise l’histoire de la
philosophie pour dénoncer une production philosophique est je pense
dommageable, à la fois pour la compréhension interne des textes, sur laquelle
elle superpose un filtre nous invitant à lire constamment entre les lignes ou à
en forcer le sens, mais aussi pour la validité, je le répète, nécessaire et
utile, de la critique qui est alors rabattue sur un parti pris politique. Personne
ne conteste l’existence du nazisme dans la vie et dans la pensée d’Heidegger. Mais Arendt « nazie » ?
Non, ni dans sa vie, ni dans sa pensée, à moins là aussi de rabattre le « nazisme »
sur une pensée parfois « conservatrice » qui existe bel et bien chez
Arendt n’en déplaise à ceux qui la considèrent exclusivement comme une « égérie
de gauche », non, ce rabattement n’est pas sérieux.
*
Understanding and Applying Linear Regression
“ Linear regression is a key technique used in
forecasting and in quantifying cause-effect relationships. In this course,
Understanding and Applying Linear Regression, you will learn how to identify
patterns in data and test those relationships for statistical soundness. You
will also learn simple regression and multiple regression. Finally, you'll
explore the use of categorical variables. When you're finished with this
course, you will have a strong applied knowledge of regression in Excel, R, and
Python that will help with factor analysis, logistic regression, and other
powerful techniques.”
- (résumé de présentation d’un cours
sur les techniques de la régression linéaire et des outils informatiques dans
le cadre d’une formation au « big data »)
L’imposture du machine learning,
du deep learning comme nouveau
paradigme d’une révolution des connaissances grâce au big data : il ne s’agit de rien d’autre que d’appliquer des
techniques d’analyses statistiques relativement simples : études des
corrélations entre plusieurs variables, réduction de leurs relations à une
équation du premier degré (linéaire), afin d’une part d’expliquer les liens
entre variables (pseudo-causalité statistique entre variable indépendante et
variables dépendantes, je dis bien « pseudo » car reposant sur
l’analyse post-hoc, après les faits
et non pas sur la création d’expériences contrôlées) et d’autre part de
projeter leurs tendances (prévision). Pourquoi imposture ? Parce que
forcément liée à l’hypothèse de normalité des distributions d’événements
sous-jacentes (gaussienne). Pour le dire autrement : tous ces modèles se
cassent la figure lorsque des événements extrêmes surviennent qui rompent les
corrélations entre variables (ou au contraire précipitent leur corrélation dans
le cas de variables au départ non-corrélées). Tous ces modèles sont par
conception incapables de comprendre ou d’anticiper la nature d’une
« crise » qui est par définition un événement hors du commun. On l’a
bien vu avec la crise financière de 2008 et l’incapacité des modèles de calculs
des risques des banques d’anticiper la chute brutale de leurs actifs ou le gel
des liquidités (Value at Risk ou modèle VaR). Nassim Taleb a décrit tout cela,
nos œillères mentales, notre incapacité de penser hors du cadre de la
normalité, avec la belle métaphore du « cygne noir ». Les
statisticiens sont toujours à la recherche d’un modèle fiable capable d’expliquer
ou d’anticiper les « événements extrêmes qui se cachent dans les queues
des distributions normales. »
*
Alien Covenant
Ridley Scott dans une grande veine
lyrique (Wagner, Shelley) joue sur ses propres mythes (Alien, 1979 et Prometheus,
2012) avec les angoisses contemporaines (les androïdes) et les questions
éternelles (qui est notre Créateur). Intéressant de voir jusqu'où ira le délire
de cette question poussée à son paroxysme chez nos créatures. Un très bon cru
dans la série. Michael Fassbender est impeccable dans le rôle principal.
*
Un supersolide créé pour la
première fois en laboratoire
Actualité des sciences un peu
décalée certes, car les résultats de cette étude ont été publiés en
sept-octobre 2016 sur arxiv.org et ensuite en janvier 2017 dans une version vulgarisée du magazine Pour la Science. Comprenne qui pourra
sans doctorat en physique.
*
木をつみ
て夜の明やすき
小窓かな
ki o tsumite
yo no akeyasuki
komado kana
the tree cut,
dawn breaks early
at my little window
*
Comment fonder une nouvelle théorie économique ?
Je ne sais pas ! Mais on pourrait commencer par (re)lire
sérieusement les auteurs existant en se posant la question de ce qui dérape, du
modèle à son application. À commencer par Marx sans oublier les économistes
dits néo-classiques aussi (que peu de gens connaissent à part d'autres
économistes), comme Menger, Jevons ou Walras, lesquels sont les véritables
fondateurs du « néolibéralisme » - on les
appelle aussi les « marginalistes » : théorie de l’utilité des
agents économiques plutôt que théorie de la production et de la résolution du
problème de l’allocation optimale des ressources. Cette théorie assez curieuse
et même franchement contre-intuitive, stipule que l’utilité n’intervient dans
le prix qu’à la marge. L’exemple est celui de l’eau dont il faut une petite
quantité pour survivre et dont l’utilité est virtuellement infinie alors que le
diamant n’a aucune utilité mais atteint des prix mirobolants et dans la plupart
des cas, bien supérieurs à ceux de l’eau. Il faudrait y ajouter quelques
auteurs libéraux hétérodoxes (Maurice Allais). En fait, le réservoir des bonnes
idées pour renouveler la « science lugubre » (the dismal science) est inépuisable ; mais voilà, le problème est
que l'économie n'est pas une science
exacte en dépit de ses outils quantitatifs et de sa « neutralité »
dans la définition de l’homme comme agent rationnel ; elle fait partie des
« sciences humaines » au sens large, ou dans un sens plus étroit des
sciences de la société (avec le droit, la politique, l’anthropologie etc..), disciplines
qui n’ont de sciences que l’apparence ou le dispositif technique et qui sont
trop influencées par des biais cognitifs ou culturels pour prétendre à
l’universalité et la neutralité de leurs résultats (dans le sens ou la théorie
ne sert pas de justification à une domination de classe). A mon humble avis,
l'économie ne redeviendra sérieuse comme discipline que lorsqu'elle sera
solidement adossée aux sciences dures, physique et surtout biologie évolutionniste
(sous tous ses aspects, biologie moléculaire, génétique des populations,
théorie du développement embryonnaire, physiologie, neurosciences). En un sens,
l’économie comportementale indique la direction des futures recherches en
mettant l’accent sur l’étude empirique du sujet dans ses décisions et ses
processus cognitifs. De là, on pourrait par un tour de passe-passe réduire
l’économie à la psychologie mais ce serait une voie sans issue, car il est un
fait, c’est dans L’Origine des espèces
de Darwin qu’on trouve cette idée que le « problème
économique fondamental » (que Darwin emprunte à Malthus) est au cœur du
principe de la sélection naturelle : i.e. le fameux problème de
l’allocation optimale de ressources limitées à une population dont la taille et
les besoins augmentent. Mais il faut faire attention. Ne lisons pas Darwin
comme Herbert Spencer qui s’est jeté sur L’Origine
des espèces, trop heureux d’y trouver une explication scientifique à
l’inégalité des conditions humaines et à la justification de l’impérialisme
britannique. C’est lui, et non pas Darwin, qui a inventé le « darwinisme
social » avec tous les dégâts que cette idée a provoqué, et continue à
provoquer. Car il faut évidemment compléter L’Origine
des espèces (1859) par La filiation
de l’homme (1871) dans laquelle Darwin explique les principes de son
anthropologie. L’évolution explique-t-il a commencé à favoriser les instincts
de coopération, qui procurent aux « animaux sociaux » leur avantage
compétitif et reproductif. Pour Darwin, la compétition au sein de l’espèce
humaine est contre-productive à partir du moment où elle détruit le semblable
et réduit l’espérance globale de survie de l’ensemble de la population. C’est
la coopération qui est la compétence expliquant le succès d’Homo Sapiens. Sous
sa forme schématique de la concurrence théorisée par les
« marginalistes », au nom d’un principe d’utilité égoïste,
l’économisme contemporain est insuffisant pour expliquer la dynamique des
populations, l’évolution culturelle etc. Donc, oui, je me dis que peut-être,
est-ce dans un renouvellement des recherches à la fois sociales et biologiques que
l’économie trouvera sa place, non pas comme théorie séparée, dictant ses lois
macroéconomiques aux gouvernements et microéconomiques aux entreprises, mais
comme un corpus de principes appliqués à la « bonne gestion » de
l’espèce Home Sapiens dans son milieu naturel et culturel. L’économie comme
branche de l’écologie, voilà un renversement de perspective et de priorité qui
me parait propice à refonder une croyance dans le Progrès.
*
Le développement personnel n'a pas réponse à tout. C'est même un des
critères de succès du libéralisme : tout est réduit à l'individu. Ce qui fait
défaut : des réponses collectives dans l'espace public. Cela s'appelle la Politique.
À quoi les libéraux répondent à juste titre : ce n'est plus nécessaire puisque
le plus important est la recherche du bonheur (privé). Mais la Politique n'est
ni science, ni art, ni morale : c'est le domaine de la force régulée par le
droit. Il faut donc changer les rapports de force.
« Il ne faut pas confondre
"piétonnier sans vapeurs d'essence" et "piétiner les valeurs de
décence." (Proverbe bruxellois - toute ressemblance avec des
personnes ou des situations existantes serait... etc) »
- Lu sur Facebook, crédit : Irène K.
La lamentable histoire du maïorat de Bruxelles est un argument massue
pour la démocratie par tirage au sort (Contre
les élections, David Van Reybroeck), les mandats courts et la fin de la
professionnalisation de la Politique. C'est la seule manière concrète dont
j'envisage une révolution démocratique.
Le centrisme ou l'absence de pensée. Il faut redonner sa place à la
pensée critique qui ne peut correctement opérer qu'à partir d'un point de vue
excentré.
McKinsey est
l'officine idéologique et managériale du grand Capital. Relire L'enseignement de l'ignorance de Jean-Claude
Michéa. Et OUI, l'objectif est bien de créer une société à deux vitesses et une
masse de consommateurs à moitié illettrés.
*
Will this technology bring us
someday to the stars?
At least it
can fasten much more than expected the moment we will be able send automated
engines during our lifetime and get results back from Alpha Centauri!
This is the Breakthrough Starshot program. It’s simple and amazing (simple in concept.
Implementation will be much more complex). SF fans will be reminded of spaceships
driven by light sails... (Arthur C. Clarke ...)
Picture: © Chris Wren, Mondolithic Studios
Une escadrille
de voiles poussées par de la lumière laser et portant chacune une petite puce
équipée de capteurs, telle est l'idée du projet Starshot pour atteindre une
étoile voisine du Soleil.
*
Cher ami, vous
avez-raison. L'horloge s'est arrêtée avec l'explosion des bombes. H. Et nous
sommes vaguement demi-vivants. Ou demi-morts.
- Avec les amitiés d'Ubik.
P.S. Avez-vous acheté votre Ubik de protection? Ne
tardez pas.
Est-ce un « ou »
mutuellement exclusif ou pas? (Si et seulement si il existe un ensemble dont
l'être et le non-être sont membres). Exemple: vous-même, faites-vous partie de
l'ensemble des auteurs qui s'écrivent et ne s'écrivent pas eux-mêmes ? Une fois
admis le principe de non-contradiction du « et », nous pourrons en
conclure que l'existence même de la question est la preuve de l'existence de
cet ensemble, d'où, pour en revenir à la proposition principale, nous dirons
que la réponse au problème est indécidable. Vous venez donc d'enrichir la littérature
d'une classe de problème dits N-P - nous
pourrons encore écrire des milliers de livres.
- Amitiés polynomiales.
P.S. Avez-vous acheté votre Ubik de protection? Ne
tardez pas.
*
Et nous terminons cette revue des
événements mémorables ou minuscules du mois, par un écho de la cruelle vie
littéraire il y a soixante ans, rappelés à notre bon souvenir par l’Agenda 2017
de La Pléiade.
Juin 1957 : « Le début
des Réflexions sur la guillotine de
Camus paraît dans La NRF, qui propose
aussi des bonnes feuilles de D’un château
l’autre et un entretien de Céline avec Nimier, « Céline au
catéchisme ». »
*
Merci à :
Daniel C. Dennett
Patrick Tort pour ses lectures de Darwin
et tous ceux qui défendent le matérialisme
intégral dans le champ scientifique et combattent l’obscurantisme sous
toutes ses formes, d’abord dans les sciences – ce qui parait légitime - et dans
le domaine public (il est important de défendre la laïcité) : à savoir l’obscurantisme
en version hard (l’intégrisme
religieux), ce qui va de soi, mais aussi l’obscurantisme en version soft (spiritualisme, créationnisme et
autres « irrationalités »…) et ceci est nettement moins évident car
comme il est dit que le diable se cache
dans les détails, on ne verrait pas pourquoi un « gentil »
illuminé pourrait être moins dangereux qu’un « forcené » de la vérité.
Le problème c’est qu’à long-terme le doux
dingue est aussi dangereux que le baveux
hurlant s’il a pour effet de nous ramollir le cerveau et de neutraliser
notre intelligence critique. Mais il y a aussi autre chose : éviter de
tomber soi-même dans le piège du baveux
hurlant, devenir plus laïque que Saint-Verhaegen (« patron » de l’Université Libre de
Bruxelles) et se méfier comme de la peste des philosophes donneurs de leçons.
- Amitiés
P.S. Avez-vous acheté votre Ubik de protection? Ne
tardez pas. Il vous protègera des uns
et des autres.
*
Remerciement spécial à Maurice G. Dantec (Grenoble, 13 juin 1959 –
Montréal, 25 juin 2016), « écrivain nord-américain de langue
française » comme il se définissait lui-même, à qui j’emprunte le titre de
« Théâtre des opérations » pour le texte que vous venez de parcourir.
*
Précédents épisodes du Théâtre des Opérations :